A Busan, le plastique vu comme un tueur, mais pas par tout le monde

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Dans un village de l’Ontario, au Canada, trois jeunes du mĂŞme âge sont morts de leucĂ©mie.

Caleb Justin Smith-White, 33 ans, en est persuadĂ©: il ne s’agit pas d’une coĂŻncidence, « le plastique » les a tuĂ©s.
« Nous n’avons aucune Ă©tude qui puisse lier ces cancers, nous sommes une trop petite communautĂ© pour qu’elles puissent ĂŞtre efficacement menĂ©es », explique le jeune homme, membre du peuple autochtone Aamjiwnaang, communautĂ© Chippewa qui compte un peu plus de 2.000 personnes installĂ©es près d’un des plus grands complexes pĂ©trochimiques canadiens.
CJ Smith-White a participé cette semaine à Busan, en Corée du Sud, à une coalition de peuples indigènes venus faire entendre leurs voix aux diplomates de plus de 170 pays qui y négociaient le premier traité sur la pollution plastique.
Leur but ? Obtenir que le texte, en discussion depuis deux ans, soit lĂ©galement contraignant pour les industriels et les Etats, et protecteur pour la santĂ© des populations. Ils demandent notamment que l’extraction du pĂ©trole, matière première de quasiment tous les polymères plastiques, soit inclue dans le traitĂ©.
– « VallĂ©e du cancer » –
La leucĂ©mie est « un cancer très commun dans la rĂ©gion » de Sarnia, surnommĂ©e « la vallĂ©e de la pĂ©trochimie » ou la « vallĂ©e du cancer », explique Ă  l’AFP CJ, Ă©voquant notamment des « fuites de benzène » dans l’air.
Tout près de son village, l’un des premiers fabricants mondiaux de styrène, principal composant du polystyrène, Ineos, a annoncĂ© dĂ©but novembre la fermeture dĂ©finitive d’ici 2026 de son usine, ouverte dans les annĂ©es 1950.
« Ce n’est pas nous qui avons fermĂ© l’usine, mais nous avons beaucoup poussĂ© pour obtenir de nouvelles rĂ©gulations environnementales, et ils ont dĂ©cidĂ© que cela ne valait plus le coup d’investir dans cette usine pour la mettre au niveau requis », explique le jeune homme.
Le sujet du plastique l’intĂ©resse depuis la quatrième session des nĂ©gociations onusiennes, qui se sont tenues en avril Ă  Ottawa.
A Busan, les tĂ©moignages sur les mĂ©faits du plastique pour la santĂ© ou l’environnement se sont accumulĂ©s. Des reprĂ©sentants de peuples autochtones venant d’Etats pĂ©troliers amĂ©ricains comme le Texas ou l’Alaska, d’Australie, du NĂ©pal ou d’AmĂ©rique Latine ont tĂ©moignĂ©.
Avec des récits similaires, des terres ancestrales exploitées par des multinationales, la pauvreté de communautés villageoises voisines, des maladies rares qui se développent.
En Alaska, « nous voyons se dĂ©velopper une crise du cancer dans plusieurs des communautĂ©s indigènes avec lesquelles nous travaillons » tĂ©moigne auprès de l’AFP Pamela Miller, directrice exĂ©cutive de l’ONG Alaska community action on toxics.
Dans certains cas, ce sont les dĂ©chets plastiques qui ont inondĂ© des villages de montagne manquant d’infrastructures de traitement des dĂ©chets, comme celui de Prem Singh, dans l’ouest du NĂ©pal. « Nous avons du plastique partout », dit-il Ă  l’AFP.
Selon lui, le bĂ©tail ingère des dĂ©bris de plastique abandonnĂ©s un peu partout, et meurt. Dans son village qui compte un millier d’habitants, les gens perdent le savoir-faire traditionnel de fabrication d’assiettes en feuilles vĂ©gĂ©tales. Les couverts en plastique Ă  usage unique les ont remplacĂ©es.
Alors que la négociation onusienne avait été initiée pour préserver les océans, les risques pour la santé humaine sont graduellement devenus un thème important.
– « Relation toxique » –
De nombreux intervenants Ă  Busan ont demandĂ© que des listes d’additifs chimiques dangereux pour la santĂ© ou de types de polymères jugĂ©s « prĂ©occupants » (bisphĂ©nol, phtalate…) soient annexĂ©es au texte du futur traitĂ©.
Des scientifiques, membres d’une coalition mondiale qui demande un traitĂ© « efficace », ont poussĂ© en ce sens.
Une médecin brésilienne de Sao Paulo, Thais Mauad, invitée par Greenpeace, a présenté une étude selon laquelle des micro-plastiques ont été repérés jusque dans le cerveau humain.
« Il n’y a aucun doute » que les produits chimiques liĂ©s au plastique « affectent la santĂ© humaine », relève Jane Muncke, toxicologue environnementale Ă  l’Institut fĂ©dĂ©ral suisse de Technologie de Zurich. Elle dĂ©nonce notamment la « relation toxique » entre l’alimentation industrielle ultra-transformĂ©e et les emballages plastiques.
En juin, une Ă©tude parue dans The Lancet montrait qu’une naissance prĂ©maturĂ©e sur dix aux Etats-Unis Ă©tait associĂ©e Ă  l’exposition des femmes enceintes aux phtalates, prĂ©sents dans les plastiques, les cosmĂ©tiques ou des peintures.
Mais lors des dĂ©bats, plusieurs diplomates issus de pays pĂ©troliers opposĂ©s Ă  tout traitĂ© coercitif (Russie, Arabie saoudite…) ne se sont pas gĂŞnĂ©s pour affirmer publiquement que le plastique n’Ă©tait pas dangereux pour la santĂ©. Ce qui a forcĂ© l’Organisation mondiale de la SantĂ© (OMS) Ă  sortir de son habituelle rĂ©serve pour publier une note redressant certains propos.
« Si toutes les rĂ©gulations chimiques » dĂ©jĂ  existantes « fonctionnaient si bien que certains le disent, pourquoi trouve-t-on ces produits chimiques dans le corps humain ? » s’interroge Sarah Dunlop, neurologue militante anti-plastique, venue de Perth en Australie.

Par Chandan KHANNA – © 2024 AFP






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