« Comprendre la situation politique internationale »

Pourquoi cette initiative (bis) ?

Nous avons rappelé le 80e anniversaire de Témoignages, organe de « défense des sans défense », ici et dans le monde, et la nécessité de réévaluer nos connaissances. En effet, nous évoluons dans un monde de plus en plus globalisé, complexe et interconnecté.

Pour comprendre la situation politique internationale, nous avons pris comme point de repère l’entrée des Talibans à Kaboul, le 15 août 2021, pour noter que, dans la réalité, les Etats-Unis avaient déjà changé de stratégie, en proclamant la Chine, danger pour « le monde libre et la démocratie ». Les médias sont priés de diffuser les provocations et mensonges en tout genre. Notre invité Bruno Guigue a fait un exposé magistral et répondu aux questions les plus médiatiques. Une heure et demi d’échanges, c’était pas mal pour une première mais largement insuffisant.

Malgré nos insuffisances, notez quand même ces propos officiels prononcé par Mike Pompéo, ancien directeur de la CIA , Secrétaire d’Etat de Trump : « Si nous voulons un XXIe siècle libre, et pas le siècle chinois dont rêve Xi Jinping, l’ancien paradigme de l’engagement aveugle avec la Chine n’y parviendra pas. » C’était le 23 juillet 2020, à la Bibliothèque Présidentielle. Il démolissait 40 années de politique de coopération sino-américaine. La violence de cet autre extrait : « Pékin a mordu les mains qui l’ont nourri » ! Qu’en pensent nos lecteurs ?

L’hégémonie américaine en question.

Nous aurions pu prendre la date du 15 août 1971. Ce jour-là, les Etats-Unis mettent fin à la parité 35 dollars pour un gramme d’or. C’est un coup de poignard dans le système monétaire signé à Bretton Woods, en 1944, prévu pour administrer l’après-guerre. Aux argentiers européens partis aux Etats-Unis pour demander des éclaircissements, John Connaly, secrétaire d’Etat au Trésor, répond : « le dollar c’est notre monnaie et c’est votre problème ». En clair, circulez, il n’y a rien à voir. Cette décision unilatérale va créer une dictature de fait : le dollar est facile à imprimer. Les Etats-Unis vont s’en servir comme une arme pour gendarmer le monde.

Bruno Guigue a souligné le mouvement d’émancipation actuelle qui embrase le monde. Un signe des temps : de nombreux pays veulent réaliser des transactions dans leur propre monnaie et donc se passer de l’hégémonie du dollar. La méfiance envers le dollar est si vive que les pays gros détenteurs vendent massivement leur réserve.

Cependant, une solution démocratique de remplacement n’est pas facile à trouver. Il faudra suivre le sommet des BRICS+ qui se tiendra en octobre, en Russie. De nombreux pays veulent adhérer à cette organisation pour éviter la domination politique et idéologique américaine et européenne. Les initiatives de la Chine sont crédibles et très prisées. Par exemple, 143 pays ont adhéré à l’Initiative Ceinture et Route. Plus de 3000 projets sont à l’oeuvre. La Chine développe le concept de « communauté de destin partagé » où les pays partenaires jouent « gagnant-gagnant », et sans ingérence politique. Elle réclame également un rééquilibrage dans les institutions. La formule plaît et entame l’hégémonie américaine. Il est possible que les BRICS créent une Assemblée Parlementaire et organisent des Jeux Sportifs.

Cette évolution de la politique internationale constitue une alternative historique.

En quoi La Réunion peut-elle tirer profit de ce changement ?

Selon une étude de Médiamétrie, 96% de la population est équipée d’un téléphone mobile. L’engouement pour le smartphone modifie les usages d’interconnexion. On commente l’actualité et on partage sur des réseaux sociaux. Le GPS connaît les adresses de votre quartier mieux que vous. Vous payez avec votre petit écran. L’Afrique est championne des transactions monétaires avec smartphone. L’emploi à distance, les master classes, le commerce en ligne, la santé à distance etc se développent. Dès lors, tenter de comprendre la politique internationale et ses opportunités, aujourd’hui, nous conduit à tout revoir.

Jusqu’à maintenant, La Réunion est une enclave européenne dans un espace entouré par des Etats membres de l’Union Africaine. Les centres de décision se trouvent à 12 000Km, à Paris et Bruxelles. Nous tournons le dos à nos voisins. La République de Maurice est à 200 km de nos côtes. Avec l’intégration de l’archipel des Chagos, elle disposera d’un continuum maritime de 2 millions Km2, frontalier de l’Inde et son milliard et demi d’habitants. L’off-shore mauricien est le premier investisseurs en Inde. Elle a signé un accord de libre-échange avec la Chine. Elle vend des yuans chinois. L’autre voisin géographique, Madagascar, chemine vers 50 millions d’habitants. Les besoins sont énormes. Nous devrions donner la priorité à ces 2 voisins.

La Réunion gagnerait à négocier un programme avec l’Initiative chinoise de Ceinture et Routes. La Chine est déjà membre observateur à la COI. La Réunion n’en fait pas partie. C’est une anomalie historique issue de l’héritage colonial. C’est un non sens politique devant les changements en cours.

Ary YEE-CHONG -TCHI KAN