« Granmer Kal i larg pa lo kor dovan Halloween » 👉️ Lire l’article en entier
Longtemps marginale et diabolisĂ©e, la fĂŞte d’Halloween entre peu Ă peu dans les foyers rĂ©unionnais. Les jeunes gĂ©nĂ©rations sont attirĂ©es par cette fĂŞte commerciale aux origines celtiques. Granmer Kal est contestĂ©e sur son territoire par les dĂ©guisements en tous genres et Ă la chasse aux sucreries sur le modèle amĂ©ricain, mĂ© Granmer Kal i larg pa lo kor dovan Halloween (Photo : www.imazpress.com)
Dans l’Hexagone, la fĂŞte est d’abord importĂ©e par une française ayant vĂ©cu aux États-Unis. Ă€ la fin des annĂ©es 90, les commerçants s’y intĂ©ressent sĂ©rieusement et impulsent un mouvement pour que cette fĂŞte soit cĂ©lĂ©brĂ©e chaque annĂ©e en France.
Pour des raisons principalement religieuse, la mode ne prend pas Ă La RĂ©union. Halloween occupait jusqu’il y encore quelques annĂ©es une place marginale. Elle Ă©tait mĂŞme diabolisĂ©e et considĂ©rĂ©e comme une fĂŞte impie, cĂ©lĂ©brant le diable.
Qu’on la considère comme une sorcière ou une esclave contrainte au suicide après l’assassinat de son bien aimĂ© par des esclavagistes, Granmèr Kal avait par contre droit de citĂ© dans toute La RĂ©union.
Les marmailles s’amuser Ă avoir peur d’elle, mais les citrouilles et autres dĂ©guisement n’avaient pas leur place. Le dĂ©ploiement d’internet et la place grandissante des rĂ©seaux sociaux, l’influence de la culture occidentale ont impose progressivement la mode d’Halloween dans les foyers rĂ©unionnais. Aujourd’hui, il devient de plus en plus courant de voir des enfants se dĂ©guiser et se lancer dans le porte Ă porte pour parfaire leur moisson de sucreries.Â
– « In zafèr pou fĂ© sort bĂ©bète » –
Et cela rapporte gros. Pour en attester, nous sommes allĂ©s Ă la rencontre de commerçants Ă Saint-Denis qui nous confirment qu’Halloween fait recette. Kumbo Assani, agent mĂ©diateur au centre commercial MarĂ©chal center, explique que cette fĂŞte apporte « beaucoup de clients qui cherchent des dĂ©guisements ». « Tous les commerçants et commerçantes sont contents de satisfaire les clients », poursuit-il.
SaĂŻda, 19 ans, assure qu’elle ne fĂŞte pas cela en famille mais qu’elle va participer Ă une soirĂ©e organisĂ©e sur le thème d’Halloween. Une manière de « se dĂ©tendre », lors d’une fĂŞte de plus en plus acceptĂ©e comme le prouve « le nombre de personnes dans les magasins. »
Ainsi, Jessica, 39 ans, vendeuse, constate qu’Halloween est devenu un juteux business sur l’Ă®le, elle considère toujours qu’en tant que chrĂ©tienne, « il ne faut pas participer Ă ce type de fĂŞte, et respecter les traditions que nos parents nous ont transmises. »
Un avis que partage Amandine, 32 ans. Selon elle, les traditions religieuses interdisent de fêter Halloween. « Sa sé in zafèr pou fé sort bébète, mi fèt pa sa moin » dit-elle.
A noter Ă©galement que dans plusieurs commerces et mĂŞmes Ă©tablissements scolaires – le primaire en particulier -, les citrouilles, symboles d’Hallowen, cĂ´toient les masques et des baba shifon Ă l’effigie de la sorcière / esclave prĂ©fĂ©rĂ©e des RĂ©unionnais.
Des nombreux enseignants profitent aussi de cette pĂ©riode pour explorer avec leurs Ă©lèves les contes et lĂ©gendes de l’Ă®le toujours porteurs d’une rĂ©alitĂ© historique.
Granmer Kal continue de faire de la rĂ©sistance, et n’a visiblement aucune intention de cĂ©der la place sans combattre aux histoires venues d’AmĂ©rique.
Qui s’en plaidrait…
– Un peu d’histoire –
MĂŞme si Halloween n’est pas nĂ©e avec l’oncle Sam, c’est en AmĂ©rique du Nord qu’elle devient la fĂŞte commerciale que nous connaissons aujourd’hui. Aux origines, il s’agissait de la fĂŞte celtique de Samhain, qui veut littĂ©ralement dire « la fin de l’Ă©té ». En effet, il y a 2500 ans, les Celtes vivant sur le territoire actuel de l’Irlande et du Nord de la France, cĂ©lĂ©braient le dĂ©but de l’hiver, une pĂ©riode souvent associĂ©e Ă la mort.
Avec l’expansion du christianisme, cette tradition paĂŻenne s’intègre dans les cĂ©lĂ©brations chrĂ©tiennes. L’Église catholique souhaitant faciliter la conversion des paĂŻens, elle conserve certains de leurs rites et coutumes, tout en les intĂ©grant dans un contexte chrĂ©tien. C’est finalement au 8ème siècle que le Pape GrĂ©goire III dĂ©cide de dĂ©placer la cĂ©lĂ©bration de la Toussaint du mois de mai au 1er novembre.
C’est ainsi que la veille de la Toussaint, ou « all hallows’ eve », deviendra Halloween. Au fil des annĂ©es, avec l’introduction d’Ă©lĂ©ments de la religion chrĂ©tienne, de nouvelles traditions voient le jour. Les fidèles commencent Ă prier pour les âmes des dĂ©funts, en particulier celles censĂ©es ĂŞtre « en purgatoire », avant l’entrĂ©e au paradis.
Au 19ème siècle, Halloween est introduit aux Etats-Unis par les immigrants irlandais et Ă©cossais. Ils apportent avec eux leurs coutumes, leurs superstitions et leurs cĂ©lĂ©brations. C’est aux États-Unis que la fĂŞte prend la tournure commerciale que nous connaissons aujourd’hui. InspirĂ©s par les lĂ©gendes irlandaises, les AmĂ©ricains remplacent le navet sculptĂ© par la citrouille, davantage cultivĂ©e outre-Atlantique.
Avec le temps, Halloween devient une fête centrée sur les enfants, les costumes, les bonbons et la décoration, bien éloignée de ses racines païennes.
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