« L’Alliance des États du Sahel préfigure une nouvelle ère pour l’Afrique » 👉️ Lire l’article en entier
Le 16 septembre 2023, les chefs d’État du Burkina Faso, du Mali et du Niger ont signé la Charte du Liptako Gourma créant l’Alliance des Etats du Sahel. Ces trois États venaient d’annoncer leur retrait avec effet immédiat de la CEDEAO, une des deux organisations d’intégration régionale d’Afrique de l’Ouest. Abdourahamane Tiani pour le Niger, Assimi Goïta pour le Mali et Ibrahim Traore pour le Burkina Faso furent les signataires. Tous ont comme point commun d’être arrivé au pouvoir par un coup d’État militaire. Mais cette prise de pouvoir n’a pas été rejetée par la population. La semaine dernière, les Etats de l’AES ont décidé d’aller plus loin, vers l’intégration économique. Ces trois pays ont également dénoncé les accords de coopération militaire avec la France. L’armée française doit donc quitter ces trois pays qu’elle occupait depuis la colonisation de cette région du monde par Paris. L’AES n’est guère évoquée dans les médias principalement visibles à La Réunion. C’est pourtant une actualité riche d’enseignements pour La Réunion.
42 % de la population a moins de 14 ans
Ary Yée Chong Tchi Kan, secrétaire national aux Affaires internationales du PCR, a présenté l’Alliance des Etats du Sahel comme une illustration d’un monde en plein changement. La parenthèse de la colonisation se ferme. Les dirigeants de l’AES sont de jeunes responsables qui ont souhaité répondre à une volonté profonde de la population : changer de système. Ce groupe de trois pays peut s’appuyer sur d’importantes ressources naturelles qui peuvent être valorisées sur place plutôt qu’être accaparées par des entreprises occidentales pour être exportées à bas prix.
Manuel Marchal de « Témoignages » a présenté le contexte historique. Une grande partie du territoire actuel de ces trois pays faisait partie de l’Empire Songhaï jusqu’au début du 17e siècle. La colonisation française traça ensuite des frontières qui séparèrent des peuples. L’AES connaît une importante croissance démographique. De 8 millions d’habitants chacun en 1987, sont actuellement aux environs de 25 millions dans chaque pays. En 2050, Mali et Burkina Faso compteront chacun plus de 40 millions d’habitants, et le Niger près de 70 millions. Ce sera un groupe francophone de 150 millions d’habitants, juste au Nord du Nigeria anglophone peuplé aujourd’hui d’environ 230 millions d’habitants, et en aura plus de 410 millions en 2050. 42 % des habitants de cette région a moins de 14 ans.
C’est également une région qui subit les conséquences de la crise climatique qui provoque sécheresse et baisse des rendements dans l’agriculture.
Un monde se construit sans les dirigeants occidentaux
Le système hérité de la colonisation française a maintenu une grande partie de la population dans la pauvreté. Il a aussi favorisé le développement de la corruption. L’armée est alors la dernière possibilité d’ascenseur social. C’est de ce corps que viennent les nouvelles directions politiques de ces pays.
Aujourd’hui, la Chine est devenue le premier partenaire commercial de l’Afrique. Pour les importations, les pays de l’AES n’ont plus besoin de l’Occident, ils peuvent se tourner vers la Chine ou d’autres membres des BRICS comme l’Inde, la Russie ou l’Iran. Paris n’est plus le « gendarme de l’Afrique » où les capitalistes français pouvaient exploiter à leur guise populations et richesses naturelles. Cette époque se termine.
Un camarade de la CGTR-Santé, ancien militaire, a participé aux opérations Serval et Barkhane au sein de l’armée française. Ce déploiement visait à lutter contre Al Qaïda et d’autres terroristes qui étaient la conséquence de l’effondrement de la Libye en 2011, suite à un conflit militaire déclenché par Paris. Il rappela la présence d’une importante base militaire française située juste à côté d’une entreprise du même pays exploitant des richesses naturelles au Niger. Depuis le départ de l’armée française, des progrès importants ont permis de faire reculer le territoire contrôlé par les terroristes.
Cyril Séraphin de la Section PCR de Saint-Paul a expliqué que le sentiment d’injustice a été à l’origine de son intérêt pour l’AES. Injustice du fait d’un traitement de l’actualité déséquilibré, présentant les dirigeants de l’AES comme des dictateurs et les présidents déposés comme de grands démocrates. Cyril Séraphin a rappelé le précédent de Thomas Sankara, qui était aussi un jeune militaire qui voulait le développement de son pays et qui fut rapidement assassiné après être parvenu au pouvoir.
Le PCR le plus proche du panafricanisme
Mathieu Laude est ensuite intervenu sur le thème du panafricanisme. Il a souligné combien la création de l’Alliance des États du Sahel s’inscrit dans le fil de cette idéologie de libération.
Il a également indiqué que d’autres pays sont susceptibles de rejoindre cette organisation. Il a évoqué le Sénégal qui a élu un nouveau président. Le Bénin pourrait être également un nouvel adhérent, en cas de victoire de Kémi Séba à la prochaine élection présidentielle.
Mathieu Laude a salué l’initiative du PCR et a indiqué que le Parti communiste réunionnais est, à La Réunion, l’organisation politique la plus proche du panafricanisme.
Les différentes interventions des participants montrèrent l’intérêt pour ce sujet d’actualité qui n’est pas traité dans les médias les plus suivis à La Réunion.
La fin de la réunion a été l’occasion d’évoquer le calendrier d’actions du PCR. Le 20 juillet prochain, il sera question de la préparation du « 20 décembre férié et chômé ». Depuis la déclaration du maire de la Plaine des Palmistes affirmant qu’il ne célébrait pas l’abolition de l’esclavage, le PCR fait campagne pour que ce 20 décembre, tous les commerces restent fermés. La date du 24 septembre est un autre rendez-vous important. C’est le jour annoncé par l’Union calédonienne pour la déclaration de souveraineté de la Kanaky Nouvelle-Calédonie. Le PCR a d’ailleurs organisé deux réunions d’informations sur la lutte menée pour que pays redevienne indépendant.
#Infos974 | Toutes les Actus de la Réunion ici