« Les Réunionnais ne connaissent pas le nouveau ministre des Outre-mer et ont le sentiment de ne pas avoir été respectés » 👉️ Lire l’article en entier
Le sénateur François-Noël Buffet a été nommé ministre des Outre-mer ce samedi 21 septembre 2024. Son ministère est rattaché au Premier ministre. En deux ans il est le 5ème à s’installer rue Oudinot où se trouve le siège du ministère des Outre-mer. Il est quasiment inconnu du grand public, surtout dans les territoires ultramarins dont il n’a lui même qu’une faible connaissance. Il est aussi encarté chez Les Républicains (LR), un parti battu à plate couture aux Européennes et aux législatives dans les Outre-mer en général et à La Réunion en particulier. Une carte de visite peu flatteuse qui fait dire, en substance, aux Réunionnais.es que nous avons interrogés : « comme d’habitude ni nous ni notre vote n’ont été respectés puisque nous n’avons pas voté pour avoir des ministres macronistes ou de droite » (Photo rb/www.imazpress.com)
Croisé dans les rues de Saint-Denis, Luc avoue ne pas connaître le nom du nouveau ministre des Outre-mer. « Je suis profondément déçu. Je suis un électeur de gauche, le 7 juillet 2024 j’ai voté pour le Front populaire. Au vu des résultats j’avait l’espoir de voir au moins une partie du gouvernement constitué de ministre gauche », confie–il. « Nous seulement il n’en a rien été mais c’est le pire qu’on pouvait attendre qui s’est produit » s’emporte-t-il.
Ce sentiment de manque de respect est partagé par plusieurs personnes interrogées ce lundi matin dans le centre-ville dionysien. »Nous n’avons pas été respecté. Nos votes ne comptent pas. Ceux qui ont perdu les élections, ce sont eux qui sont en place » s’indignent nos interlocteurs.
Questionné Jean-Pierre souligne « ce gouvernement ne reflète pas le résultat des élections. Je pense que c’est une réelle volonté politique d’Emmanuel Macron. Il a voulu mettre en place un gouvernement le plus proche possible de sa vision politique. » Dès lors, estime-t-il, la gauche n’avait pas sa place.
« Je suis atterré par ce qui se passe », reprend Luc. « Je crains le pire, enfin non, le pire aurait été le RN, mais j’ai peur pour notre avenir. »
Nos interlocuteurs insistent aussi sur le fait que Michel Barnier « aurait dû nommer une personne originaire des Outre-mer en tant que ministre ». Un manière de dire que Fraçois-Noël, comme ses prédecesseurs, a tout à apprendre sur les défis majeurs posés aux territoire ultramarins.
D’autres personnes interrogées sont plus nuancées. « Le gouvernement vient d’être nommé. Le Premier ministre va prononcer son discours de politique générale le 1er octobre, nous verrons ce qu’il dira » dit l’un de nos interlocuteurs
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– François-Noël Buffet aura fort à faire pour convaincre –
Face à des Réunionnais qui ne sentent pas respectés, le nouveau ministre des Outre-mer, François-Noël Buffet, aura fort à faire pour tenter de convaincre.
Notamment au sujet de la vie chère. Une commission d’enquête parlementaire s’était longuement penchée sur la question du coût de la vie en Outre-mer l’année dernière. Dans les rayons des supermarchés, les prix des produits sont exorbitants.
Les Réunionnais, qui sont par ailleurs davantage touchés par le chômage et la pauvreté que leurs concitoyens de l’Hexagone.
En 2021, 36 % des Réunionnaises et Réunionnais vivaient sous le seuil de pauvreté. Ce taux de pauvreté baisse par rapport à 2019, avant la crise sanitaire, mais reste égal à celui de 2020.
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Il y a un an, l’Insee précisait que l’écart de prix des produits alimentaires en Outre-mer avec ceux de l’Hexagone frôlait les 37 % à La Réunion.
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Et si l’État a mis en place un bouclier qualité-prix, bloquant le prix d’une sélection de produits de première nécessité, ce n’est pas suffisant.
À cela s’ajoute la crise du logement. « Il y 46.000 demandes de logements à La Réunion, pour 1.600 livraisons de logements neufs par an, et 5.000 réponses positives. C’est trop peu » alerte Erick Fontaine.
D’après les chiffres de l’Insee qui datent de 2020, près de 35.000 logements sont vacants, soit 8,9 % de l’ensemble des logements de l’île, une part proche du niveau national. Neuf communes de l’île sont concernées, dont les trois plus peuplées (Saint-Denis, Saint-Paul, Saint-Pierre).
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Au-delà des frontières de La Réunion, il devra également se confronter aux problématiques de la Nouvelle-Calédonie, où 13 personnes sont mortes dans les violences depuis mai, à la suite de la mobilisation indépendantiste contre la réforme du corps électoral qui a, depuis, été suspendue.
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La Martinique – où les manifestations contre la vie chère font rage et où un couvre-feu a été instauré – fera également partie des dossiers urgents à traiter.
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Tandis que Mayotte est confrontée aux conséquences d’une crise notamment migratoire.
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ma.m et dn/www.imazpress.com/redac@ipreunion.com
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