« l’urgence de repenser la mobilité et l’aménagement du territoire » 👉️ Lire l’article en entier
Les bus ne suffisent pas à faire face à la croissance du parc automobile
29 novembre, par
Les routes de La Réunion sont devenues l’illustration d’un problème qui s’aggrave d’année en année. Avec 3 200 voitures supplémentaires enregistrées chaque année comme moyen de déplacement pour aller au travail selon une étude de l’INSEE publiée le mois dernier, le réseau routier est saturé. Les embouteillages, particulièrement aux heures de pointe dans des zones comme Saint-Denis, Saint-Pierre, et Saint-Paul, illustrent une congestion chronique. Cette situation est un révélateur non seulement de l’explosion du nombre de véhicules, mais aussi d’un aménagement du territoire qui pousse les habitants à parcourir des dizaines de kilomètres pour se rendre au travail.
Entre 2010 et 2021, La Réunion a vu sa population augmenter de près de 6 %, accompagnée d’une hausse de 15 % du nombre d’emplois. Pourtant, ces nouveaux emplois, souvent qualifiés, sont majoritairement situés dans les grands pôles urbains, loin des zones résidentielles. Selon l’étude de l’INSEE, cela a conduit à une augmentation de 34 800 automobilistes se déplaçant quotidiennement entre leur domicile et leur lieu de travail. Environ 266 700 personnes empruntent chaque jour les routes pour rejoindre leur lieu de travail, alourdissant une infrastructure déjà insuffisante.
La voiture n’est pas un choix mais une obligation
Pour de nombreux habitants, la voiture est devenue une obligation, non un choix. La multiplication des zones périurbaines et la concentration des emplois dans les grands centres forcent les Réunionnais à parcourir de longues distances. Une réalité accentuée par l’absence de solutions alternatives viables, telles que des transports en commun de masse en nombre suffisant. À La Réunion, les bus interurbains et citadins sont beaucoup moins nombreux qu’à Madagascar par exemple. Entre les villes, les temps de parcours restent plus rapides en voiture qu’en transport collectif à La Réunion. A cela s’ajoute du temps perdu dans les correspondances et pas de bus aux heures tardives à de rares exceptions. En attendant la reconstruction du train, un projet de bus en site propre est en cours entre l’Est et Saint-Denis avec une mise en service prévue à l’horizon 2030. Mais cela ne peut être qu’une solution transitoire, qui permet de geler le foncier nécessaire à la reconstruction du train entre Saint-Benoît et Saint-Denis.
Aménagement du territoire inadapté
L’organisation actuelle du territoire accentuent cette dépendance à la voiture. Les politiques d’urbanisation ont favorisé l’étalement des zones résidentielles, éloignées des bassins d’emploi et des services. Résultat : le réseau routier est saturé, et les embouteillages faisant perdre au moins une heure par trajet sont quotidiens.
Le modèle de mobilité basé sur la voiture est à bout de souffle. Outre l’impact sur la qualité de vie des habitants, cette situation pèse lourdement sur l’environnement et l’économie locale. Le coût des embouteillages en carburant, en temps perdu, et en stress devrait faire l’objet d’une étude afin de savoir combien coûte aux Réunionnais cette illustration d’un système importé inadapté.
Repenser la mobilité : le retour du train comme solution
Face à cette crise, il est temps de reconsidérer des solutions structurelles. Parmi elles, le retour du train est une évidence. Ce mode de transport, abandonné à La Réunion depuis des décennies, est pourtant le seul capable d’offrir une alternative de masse, rapide et écologique.
L’association de transport ferroviaire avec un aménagement du territoire mieux pensé permettrait de connecter efficacement les zones résidentielles et les bassins d’emploi. Le train pourrait desservir les grands axes de l’île, soulager les routes saturées, et offrir une alternative viable à des milliers d’automobilistes.
Cette idée n’est pas nouvelle : des propositions de relance du train ont été discutées depuis plusieurs années. En 2017, la Région présidée par Paul Vergès avait négocié avec l’État et l’Europe l’argent nécessaire pour la reconstruction du réseau ferré à La Réunion. L’arrivée de Didier Robert à la présidence de la Région en 2010 a affecté cet argent à la construction d’une route en mer réalisée à moitié pour le moment. Les grands projets de transport ne peuvent se limiter à des solutions de court terme, comme les bus. Un système ferroviaire intégré serait un investissement pour l’avenir, favorisant une mobilité durable tout en désenclavant les zones périurbaines.
Sortir du tout-voiture
La saturation routière et les distances toujours plus grandes entre domicile et travail ne sont pas des fatalités. Ces problèmes trouvent leurs racines dans des choix politiques. La mise en place d’un réseau de transport de masse adapté, comme le train, est une urgence. Il en va de la qualité de vie des Réunionnais. Alors que 3 200 voitures supplémentaires envahissent chaque année les routes de La Réunion, il est temps de sortir du tout-voiture. L’avenir de l’île passe par une refonte complète de son modèle de mobilité, en plaçant le transport ferroviaire et un aménagement du territoire équilibré au cœur des priorités.
M.M.
#Infos974 | Toutes les Actus de la Réunion ici