à peine 1,4 million de tonnes de cannes à sucre prévues à La Réunion

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Depuis 2017, l’avenir de la filière dépend de la stratégie de l’industriel Tereos

12 juillet, par Manuel Marchal

Hier, pendant que de nombreux regards étaient tournés vers période de transition post-électorale en France, La Réunion vivait une journée importante : le début de la coupe. Un des produits de la canne, le sucre, reste en effet le principal produit exporté en volume.

L’usine de Bois-Rouge dans l’Est a ouvert ses portes. La coupe a donc débuté dans le Nord et l’Est de notre île. Pour le moment, le tonnage de cannes à sucre traitées par cette usine cette année est estimé à 710 000 tonnes.

L’an dernier, 1,430 million de tonnes de cannes avaient été récoltées à La Réunion, un niveau historiquement bas. C’était l’ordre de grandeur de la récolte 2022. Pour 2024, la prévision est autour de 1,4 million de tonnes.

De 2,5 millions de tonnes récoltées à 1,4 million

Avant les accords de 1969 qui dépossédèrent les planteurs de la propriété de la canne à sucre et de tous ses produits, la récolte se situait aux alentours de 2,5 millions de tonnes de cannes et l’objectif de 300 000 tonnes de sucres était à portée de main. Avant 1969, Plus de 20 000 planteurs livraient aux usines, et 100 000 personnes dépendaient de la canne, sur une population de 400 000 habitants. La production chuta progressivement pour se stabiliser aux alentours de 1,7 million de tonnes de cannes.

En 2013, Paris et la majorité des gouvernements de l’Union européenne décida de supprimer le quota sucrier de 300 000 tonnes et le prix garanti qui permettait à l’industriel d’avoir la certitude de vendre toute sa production au moins au prix d’intervention de l’UE, qui s’engageait à acheter le sucre invendu à un prix suffisamment rémunérateur. Cette décision entra en vigueur en 2017. Comme en Europe pour les planteurs de betteraves, elle a eu des répercussions négatives à La Réunion.

Au moment de la décision en 2013, le Commissaire européen Dacian Ciolos était en visite à La Réunion. Il expliqua qu’avec la suppression du quota et du prix garanti, l’avenir de la filière dépendait de la stratégie de l’industriel, c’est-à-dire Tereos, qui a le monopole des moyens de transformation de la production des planteurs.

La coopérative de planteurs de betteraves français Tereos est propriétaire des deux usines sucrières de notre pays. D’autres acteurs importants sont aussi des sociétés extérieures à La Réunion. Albioma est détenue par des fonds de pension américains, produit l’électricité tirée de la canne produite par les planteurs réunionnais. EDF achète à Albioma l’énergie produite d’après un tarif fixé à Paris par la Commission de régulation de l’énergie.

Avec ce système, la production a considérablement baissé depuis la fin du quota et du prix garantis. Il est tombé au niveau de 2006, quand le cyclone Gamède fit des dégâts considérables et fut jugé responsable d’un déficit de 400 000 tonnes.

Résultat de la stratégie de l’industriel

L’explication de cette chute est la situation toujours plus grave des planteurs. En 2022, Tereos a refusé d’augmenter le prix qu’il paie aux planteurs pour acheter leurs cannes. L’État a compensé en partie en avec une aide supplémentaire de 14 millions d’euros par an pour les planteurs. Cette aide était destinée à couvrir l’augmentation du coût de production des années précédentes, liées à la hausse des prix des intrants notamment. Mais cette aide est absorbée par la poursuite de la hausse de l’énergie et des intrants.

Par exemple, le prix de l’électricité vendu par EDF a augmenté de 43 % en deux ans. Le prix de la bagasse payé aux planteurs n’a pas augmenté de 43 %, alors que c’est une matière première pour produire de l’électricité.

En conséquence, les planteurs n’ont pas de revenus suffisants pour préparer sereinement la campagne sucrière. Les rendements diminuent, tout comme le nombre de planteurs.

Sur la base du raisonnement du Commissaire européen à l’Agriculture, c’est le résultat de la stratégie de l’industriel.

La maîtrise des usines et de la stratégie doit revenir aux planteurs

Cette situation indique l’importance de réformes structurelles pour relancer la production. Cela passe par une répartition plus équitable des profits tirés de la canne à sucre. Avant 1969, 66 % des profits appartenaient aux planteurs, et 33 % aux usiniers. C’est aujourd’hui loin d’être le cas et faute d’une transparence suffisante, il n’est pas possible de connaître le gain de l’industriel sur la part des planteurs.

Une des pistes évoquées est la transformation des usines Tereos de La Réunion en une coopérative contrôlée par les planteurs réunionnais afin que ces derniers soient les bénéficiaires de la transformation de leur production, et puissent décider de la stratégie. En France, Tereos fonctionne selon ce modèle : les usines appartiennent aux planteurs de betteraves.

Ainsi, les planteurs pourront décider de la meilleure stratégie favorable à leurs intérêts et à une culture qui est le pivot de l’agriculture réunionnaise.

M.M.






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