[Le podcast de Pierrot Dupuy] Jean-Luc Mélenchon, l’empêcheur de coaliser en rond

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Limite de mots

Pierrot Dupuy se penche aujourd’hui sur les pourparlers autour du poste de Premier ministre.

Ecrit par Pierrot Dupuy – le vendredi 12 juillet 2024 à 20H35

 

 

A l’heure où j’enregistre ce podcast, on ne sait toujours pas quel(s) nom(s) le Nouveau Front Populaire compte présenter au président Macron pour le poste de Premier ministre. Tout juste sait-on, au travers d’un article du Monde, que La France Insoumise persiste à revendiquer Matignon pour son mouvement et qu’elle a présenté quatre noms aux autres partenaires du NFP, dont celui de Jean-Luc Mélenchon. Selon d’autres sources, on apprend que le PCF de son côté a avancé celui d’Huguette Bello, par ailleurs proche de Jean-Luc Mélenchon, ce qui pourrait faire d’elle une candidate de consensus. Pas sûr cependant que le PS ne mette pas son veto, notamment en raison des relations détestables de la présidente de Région avec Ericka Bareigts.

Vous vous doutez que le nom de Jean-Luc Mélenchon a été perçu comme une provocation par les autre partis du NFP qui n’arrêtent pas de répéter qu’il est hors de question pour eux d’accepter la candidature du leader de La France Insoumise.

D’où mon interrogation : À quel jeu joue Jean-Luc Mélenchon ?

J’ai déjà eu l’occasion, il y a quelques jours, de vous faire part de mes réflexions à ce sujet. Je m’interroge sérieusement sur l’envie réelle du patron de LFI de gouverner. Tout comme Marine Le Pen, il a intérêt à ce que le chaos perdure jusqu’en 2027. LFI et le RN ne gagnent des voix que quand la France va mal.

Jean-Luc Mélenchon a tout fait pour plomber la Gauche. À chaque fois que cette dernière montait dans les sondages, il sortait une provocation qui la faisait replonger. Rappelez-vous la dernière en date, le soir du deuxième tour, où il avait grillé la politesse aux autres leaders du NFP en intervenant immédiatement après l’annonce des résultats avec, à ses côtés, Rima Hassan, un keffieh palestinien posé sur les épaules. Rima Hassan n’avait rien à faire là puisqu’absolument pas concernée par ces élections. Elle n’était pas candidate aux législatives et avait été élue quelques semaines plus tôt députée européenne. Mais ce faisant, Jean-Luc Mélenchon faisait d’une pierre deux coups : il agitait un chiffon rouge devant l’ensemble des responsables politiques, y compris de Gauche, et il envoyait un message communautariste clair aux jeunes des banlieues.

Résultat des courses, Jean-Luc Mélenchon apparait comme la personnalité politique la plus impopulaire de France selon un sondage Odexa, à égalité avec Eric Zemmour, avec 62% des Français qui ont une opinion négative de lui.

La France Insoumise sait parfaitement que proposer le nom de son leader au poste de Premier ministre ne peut que cristalliser les oppositions et braquer les autres partis de gauche. « Jean-Luc Mélenchon n’est pas le leader du NFP, il n’en sera pas le premier ministre », affirmait encore le sénateur écologiste Yannick Jadot, le 9 juillet sur TF1. Ça ne l’empêche pas d’être omniprésent dans les médias et de s’être ostensiblement rendu devant une forêt de caméras à la rentrée des parlementaires, mardi, à l’Assemblée nationale, alors qu’il n’est plus député depuis 2022.

La mise en avant du nom de Jean-Luc Mélenchon est d’autant plus surprenante que les députés LFI sont minoritaires au sein du Nouveau Front Populaire. Ils sont nettement distancés lorsqu’on additionne l’ensemble des autres députés qui font bloc pour refuser un leadership LFI : 75 sièges pour LFI contre 103 pour les autres.

Mais on atteint le summum du ridicule quand on entend les responsables du Nouveau Front Populaire s’entêter à affirmer être capables de constituer seuls un gouvernement pour la France.

Je veux bien qu’avec de la volonté on arrive à tout, mais les chiffres sont têtus. La Gauche, une fois additionnées les voix de l’ensemble des députés LFI, PS, Verts et PCF, ne compte que 182 sièges. A des années lumières donc des 289 députés nécessaires pour constituer une majorité. Et il lui est impossible d’obtenir le renfort des Macronistes, des Républicains ou pire encore, du RN.

Un gouvernement qui ne serait constitué que de députés de Gauche ne tiendrait pas plus de quelques jours avant d’être victime d’une motion de censure. Et la sanction serait identique pour n’importe quel Premier ministre qui serait issu d’un autre groupe.

Les Français ont envoyé à l’Assemblée trois groupes d’importance à peu près égales, il faut maintenant en tirer les conséquences et accepter l’idée que la seule façon d’avoir un gouvernement stable passe par une coalition de plusieurs partis. Ou tout au moins par un pacte de non-agression.

Est-ce qu’un gouvernement duquel seraient exclus les deux partis qui posent problème, à savoir LFI et le RN, pourrait réunir une majorité ? Incontestablement oui. Et largement.

C’est la seule solution possible. Pourquoi dans ce cas, le Parti socialiste s’entête-t-il à faire cause commune avec les amis de Jean-Luc Mélenchon ? Il a en plus la preuve qu’il pèse aujourd’hui plus que LFI puisqu’aux Européennes, la liste menée par Raphaël Glucksman a recueilli 14,60% des suffrages, loin devant celle de LFI et ses 9,89%. Le PS est plus fort quand il s’affranchit de LFI.

Pourquoi dans ce cas Olivier Faure persiste-t-il à courber la tête et à accepter tous les diktats et les humiliations de Jean-Luc Mélenchon ? J’avoue que j’ai du mal à comprendre.

Une chose est certaine, cependant. Il est urgent de trouver une solution. Le gouvernement, quel qu’il soit, doit déposer à l’Assemblée nationale avant le premier mardi d’octobre le Projet de Loi de Finances communément appelé PLF, lequel Parlement dispose ensuite de 70 jours pour la voter. S’il n’y parvenait pas, la France pourrait connaitre un « shutdown » que les Américains connaissent bien et qui aboutirait à un blocage de toutes les activités, en l’absence de validation des recettes et des dépenses. Premières conséquences : les fonctionnaires ne seraient plus payés et les impôts ne seraient plus perçus.

Il va bien falloir qu’à un moment donné, les partis politiques dits « républicains » ou « de gouvernement » finissent par se mettre autour d’une table et discuter sérieusement.






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